jeudi 28 avril 2011

Chapitre second

Chapitre second




L’agitation grandissait au nord du port, les gens étaient arrivés en foule, et des centaines de bateaux s’apprêtaient à accoster. Assis sur le toit de sa maison, Poral regardait avec attention ce qui se passait. Beaucoup de bruits agitaient la foule, et à sa tête plusieurs soldats entouraient le roi de Kalor qui était accompagné d’un homme petit et mince tout habillé de noir. Le jeune homme avait beau l’examiner, il ne parvenait pas à identifier celui qui accompagnait son souverain. Soudain le silence se fit, le premier bateau, visiblement plus grand et plus luxueux que les autres, s’était amarré et deux personnes en étaient descendues. La première était un homme magnifiquement vêtu de blanc et rouge, il serra la main du seigneur des lieux et le prit dans ses bras en une grande accolade amicale, il fit de même avec l’homme vêtu de noir. Ensuite, bien que Poral à cette distance ne puisse entendre ce qui se disait sur le port, il comprit que le nouveau venu présentait aux deux hommes la jeune fille qui l’accompagnait. Puis, pendant que les autres bateaux accostaient et déchargeaient des montagnes de caisses, les quatre personnes accompagnées de quelques hallebardiers se dégagèrent de la foule et prirent la direction du château. Poral les suivait des yeux, ils allaient bientôt disparaître derrière les premiers bâtiments du port. Son regard s’attarda sur la jeune femme qui se tenait derrière les trois nobles. C’est alors qu’elle leva la tête et, malgré la distance, leurs regards se croisèrent. Quelque chose de spécial se passa dans l’esprit du jeune homme, il sentit une étrange complicité naître en lui comme si cette fille qu’il n’avait jamais vue était la personne en qui il pouvait avoir le plus de confiance. Elle s’arrêta au moment où elle aurait dû sortir de son champ de vision, peut-être ressentait-elle la même chose ? Elle détourna le regard quand un hallebardier la pria d’avancer et disparut derrière les bâtiments. Poral se dirigea vers l’échelle et descendit de son toit, il se sentait tout retourné, il ne connaissait pas le sentiment nouveau qu’il éprouvait, cela n’avait rien à voir avec l’amour qui l’avait embrasé deux ans plus tôt quand il avait aperçu cette danseuse au pub, il avait l’impression de connaître cette femme par cœur et réciproquement. Quand il toucha terre il lui fallut quelques secondes pour lâcher l’échelle et se diriger enfin vers la porte.
Athalia ne savait que penser. Alors qu’elle remontait en direction du château, accompagnée de son frère, du roi Aron et du roi Williams, elle ne faisait même pas attention à ses bottes qui s’enfonçaient et se salissaient dans la neige. Toutes ses pensées étaient tournées vers ce qu’elle venait de ressentir pour un inconnu. Cette impression de familiarité, de confiance, en un seul regard ! Elle était tellement plongée dans ses réflexions qu’elle se retrouva avec ses accompagnateurs devant le palais royal plus tôt qu’elle ne l’aurait pensé. C’était la première fois qu’elle voyait la prestigieuse bâtisse, les hommes qui l’accompagnaient s’en approchèrent sans même y prêter attention mais Athalia, elle, ne put décrocher son regard de ce qu’elle voyait. Le palais d’Ariadas, sa ville natale, paraissait totalement insignifiant face à l’immense édifice qui se dressait devant elle. Une porte aux proportions démesurées était gardée par quatre sentinelles vêtues d’armures d’or qui étincelaient, touchées par les quelques rayons qui perçaient pour la première fois depuis plusieurs semaines derrière les nuages. Un immense dôme de verre surplombait l’édifice, le givre sur les vitres lui donnait un aspect irréel. Elle fut tirée de ses pensées par la voix de son frère qui l’appelait. Dans sa contemplation, elle s’était de nouveau arrêtée en chemin et avait pris du retard sur les autres qui montaient déjà les marches menant à l’entrée, elle s’empressa de les rejoindre. Azaat lui adressa un sourire : « Impressionnant, tu ne trouves pas ?
            - C’est, elle marqua un pause, magnifique, conclut-elle, je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi beau, les lumières donnent comme vie à cet endroit.
            - Quelle chance tu as, Aron, intervint Williams, même ta demeure attire les belles filles ! »
Athalia sentit ses joues chauffer quelque peu, mais personne ne prêta attention à son visage qui s’empourprait, et les trois hommes, après que les gardes eurent ouvert la porte, s’engouffrèrent dans l’immense hall d’entrée du bâtiment. Une fois de plus la jeune fille fut ébahie par la beauté des lieux. Ils traversèrent plusieurs couloirs puis, au bout de quelques minutes, Aron les fit entrer dans une petite salle parsemée de canapés et de fauteuils aux allures très confortables, et baignée par une lueur rouge émanant de l’âtre de la cheminée.
             « Je pense que nous serons mieux ici pour parler, plutôt qu’autour d’une table dans une salle froide et immense, expliqua Aron.
            - Vous pensez très bien, cher ami, assura Azaat, j’ai beaucoup à vous dire ; autant, pour cela, être bien installé. »
Les trois rois et la princesse prirent place. Un serviteur posa sur la table plusieurs théières contenant toutes sortes d’infusions venues des quatre coins du territoire. Quand il sortit de la pièce la conversation put reprendre :
             «  Alors vous êtes, vous aussi, en avance, reprit Williams, j’ai l’impression que l’on prend notre hôte par surprise !
            - Non, ne vous inquiétez pas pour cela. Au contraire je dois avouer qu’Azaat et sa flotte tombent réellement à pic. Maintenant que vous avez brisé toute cette glace les activités maritimes vont enfin pouvoir reprendre. Et par conséquent, j’ai à présent la possibilité de me consacrer entièrement à notre petite réception.
            - J’ai une question à vous poser, Azaat, je veux bien croire que votre ravissante sœur ait besoin d’une montagne de bagages mais le nombre de vos bateaux me paraît démesuré. »
Athalia, assise auprès du roi d’Orglade, son frère, sentit de nouveau son teint s’empourprer.
             «  Ces bateaux sont chargés d’offrandes, dont la plupart sont pour vous, Aron, car je pense que cet hiver vous a quelque peu épuisé. Le reste est réservé au temple de Pagyva, cela fait plusieurs mois qu’il n’a pas reçu d’offrande provenant de mes terres.
            - Je vous remercie de cette attention et je dois avouer que sans votre aide j’allais droit à la catastrophe et à la famine.
            - Tout le plaisir est pour moi, mon ami, répondit l’intéressé, j’ai moi aussi une question à poser : au moment où ma flotte approchait du port, un cri atroce m’a fait lever la tête et j’ai alors eu, comment dire, une vision des plus horribles. Le visage d’un homme qui paraissait torturé, horriblement déformé. Croyant que cette vision venait de vous, j’ai immédiatement ordonné de hisser pavillon. Mais personne sur le bateau, même pas ma sœur ici présente, ne semble avoir vu cette…, il hésita, chose.
            - A vrai dire, intervint Williams, je souhaitais moi aussi quelques éclaircissements de cet ordre. Vos vassaux ne paraissent aucunement concernés, à part Darang, par ce que vous avez créé avec le glaive.
            - Cette arme est, comment dire, possédée. Il y a en elle quelque chose, une vie, expliqua Aron, cet esprit m’obéit, quelquefois, et je lui ai demandé, pour n’affoler personne, d’apparaître uniquement aux yeux des personnes présentes pendant la Guerre des Anges. Voilà pourquoi seuls Darang et nous trois avons pu la voir.
            La conversation s’engagea alors sur une tout autre voie, les trois rois parlèrent de ce qui s’était passé des années plus tôt. Les trois jeunes hommes étaient effectivement liés par des liens autres que ceux qui pouvaient exister entre souverains de royaumes différents. Ils étaient unis par une grande amitié, un sentiment né bien des années plus tôt alors qu’ils n’étaient que de jeunes princes. Leurs trois pères étaient alors alliés dans une guerre au-delà de leurs royaumes, afin d’affirmer leur suprématie. Ils avaient donc tous les quatre, avec Darang, passé la plus grande partie de leur enfance ensemble, tissant entre eux des liens privilégiés. Ils furent tirés de leur conversation par quelques coups sonores sur la porte. Après la permission d’Aron celle-ci s’entrouvrit et Darang entra dans la pièce : 
            « Votre altesse, dit-il en s’inclinant vers Aron, Majestés, ajouta-t-il à l’adresse d’Azaat et de Williams et, se tournant vers Athalia, il ajouta, Princesse, je suis enchanté de faire votre connaissance.
            - Tu crois qu’il nous a reconnus ? plaisanta Williams en s’adressant à ses deux amis. Houhou Darang, rappelez-vous ! Ce n’est que nous, avec qui vous avez partagé plusieurs années de votre vie.
            - Je crois que nous ne le changerons pas, ajouta le roi d’Orglade, notre ami ici présent a pour passion de nous ennuyer avec ses belles manières.
            - Tout le plaisir est pour moi, riposta l’intéressé avec un grand sourire, quelle joie de nous retrouver enfin tous les quatre. »
Les deux invités se levèrent et prirent dans leurs bras le protecteur royal en souvenir du bon vieux temps.
Athalia, confortablement installée dans son fauteuil, bercée par la douce chaleur des flammes, écoutait sans vraiment faire attention la conversation entre les quatre hommes qui relataient leurs souvenirs de jeunesse. La fatigue accumulée pendant les jours de voyage lui tomba sur les épaules et pendant que ses yeux se fermaient de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps, les voix si proches au début s’éloignaient, ne devenant plus qu’un arrière-plan sonore. Elle sombra finalement, et sans que personne ne s’en rende compte, dans un profond sommeil.


*
*   *

Le monde des rêves est souvent fait de pensées, de fantasmes qui deviennent au final quelque chose d’incohérent et d’incompréhensible, cette fois-là ne fit pas exception. Athalia, plongée dans son inconscient, se retrouva dans une jungle où tout était noir et lugubre mais, bizarrement, elle ne sentait aucune peur en elle. Sans même se retourner, elle sentit à sa droite une présence rassurante et quand elle pivota, elle reconnut immédiatement le jeune homme qu’elle avait aperçu l’après-midi même au port. Mais ce n’était pas tout, à ses côtés cinq autres personnes étaient debout. Elle les regarda toutes une à une et ressentit pour chacune d’elle les mêmes sentiments, la même confiance, et pourtant elle ne pouvait les reconnaître, leurs visages restaient dans l’ombre. Un mouvement sur sa gauche attira son regard, un homme arrivait vers eux, lui aussi était impossible à identifier. Mais Athalia éprouva pour lui quelque chose de différent, quelque chose qui explosa en elle, et un frisson la parcourut. Son cœur se mit à battre la chamade, elle voulait s’approcher, voir son visage et prendre cet inconnu dans ses bras. Mais au moment où elle allait le faire, une main se posa sur son épaule et lui interdit tout mouvement. Elle fit volte-face pour voir qui se tenait derrière elle, mais il y avait seulement une multitude d’arbres très sombres. Une lumière aveuglante perça alors à travers les troncs. Elle englobait tout, et la forêt disparaissait peu à peu de la vue de la jeune fille, elle eut juste le temps de se retourner, de jeter un dernier regard à l’homme sans visage dont elle ne distinguait déjà plus que les contours, puis la lumière l’atteignit et la rendit aveugle à tout ce qui l’entourait.


*
*   *


            Azaat secouait légèrement sa sœur qui s’éveilla lentement. Quand elle reprit totalement ses esprits, elle se leva d’un bond et se répandit en excuses devant le maître des lieux. S’endormir en présence d’un roi et en plein milieu d’une conversation représentait habituellement un grave affront. Mais Aron n’était pas de ces souverains-là, il la regarda s’excuser puis ajouta : « Je vois que vous êtes comme votre frère, et j’en suis plus qu’heureux. »
            Elle lui sourit et se rendit alors compte qu’une autre personne était entrée dans la pièce. C’était une femme ravissante, dont le teint pâle contrastait avec des cheveux d’un noir de jais. Elle avait de splendides yeux verts et regardait la jeune fille avec tendresse. Elle se leva alors, fit face à Athalia et s’inclina devant elle, un sourire agréable sur le visage : 
-  Princesse, je suis très heureuse de faire votre connaissance. » 
L’intéressée jeta un regard interrogateur aux quatre hommes assis non loin d’elle. C’est Aron qui prit la parole :
 « Je vous présente ma femme, Flora Mildva, reine depuis peu des royaumes de Kalor.
- Je suis enchantée, s’exclama Athalia, c’est un honneur, j’ai tellement entendu parler de vous.
- En bien, j’espère ! répondit la souveraine.
- Oui, en très bien, les récits de vos actes pour sauver les enfants de votre royaume ont bercé mon enfance.
- Ce fut une époque très triste pour mon peuple, confia Flora, mais malgré tous les décès qui ont entaché cette journée, sauver ces enfants de la guerre reste le meilleur de mes souvenirs, et de mes actes. »
            Il s’ensuivit de ces paroles une longue conversation au cours de laquelle la reine expliqua à la jeune princesse pourquoi cette date aurait marqué la fin de son peuple, si Aron et son armée n’étaient pas intervenus. Elle raconta aussi leur première rencontre qui avait eu lieu le même jour. Les deux femmes semblaient s’entendre à merveille. L’après-midi passa, sans que personne n’y prenne garde.
            Un majordome vint quelques heures plus tard leur annoncer que les effets personnels des invités avaient été installés dans leurs chambres respectives, non loin des appartements royaux, tout en haut de la tour ouest. Il les invita donc à se préparer pour le repas qui serait servi quelques minutes plus tard.
            Après avoir accompagné les invités jusqu’à leurs quartiers, Aron et Flora prirent ensemble, suivis de près par Darang, la direction de leurs appartements. Le garde et la reine étaient en grande conversation, alors que le roi, lui, marchait devant la tête baissée. Quelque chose le contrariait, bien sûr il était comme eux tous très heureux de retrouver ces amis de longue date, mais il avait l’impression de passer à côté d’autre chose… de spécial, comme un pressentiment. Puis ils arrivèrent devant la chambre royale et il chassa cette idée de sa tête, il voulait avoir tous ses esprits pour profiter de la présence de ses amis et les accueillir comme il le devait. Darang les salua et demanda la permission de se retirer pour mettre des vêtements de circonstance. Après avoir acquiescé, les deux époux poussèrent la porte et entrèrent dans leur immense chambre. Aron eut une fois de plus une impression bizarre qui, cette fois-ci, n’échappa pas au regard de sa femme. Quelque chose en son for intérieur lui conseillait de profiter des bons moments pendant qu’il le pouvait encore. Il jeta un rapide coup d’œil circulaire et une profonde nostalgie l’envahit. Que de bons souvenirs, que de moments géniaux cette pièce lui rappelait ! Il comprit alors que son subconscient avait raison, il fallait profiter des bons moments tant qu’il le pouvait. L’évidence le frappa alors, pourquoi pensait-il que le temps lui était compté, pourquoi son instinct l’avertissait-il que le moment des bonnes choses touchait à sa fin ? Flora lui posa délicatement la main sur l’épaule :
            « Qu’est-ce qui ne va pas, mon ange ? Tu m’as l’air contrarié.
            - Rien, ne t’inquiète pas. Il lui adressa un sourire qui ne pouvait tromper personne, mais il ne pouvait faire mieux. Allez, mon amour, fais-toi belle, je veux que ta beauté illumine la salle ce soir, comme elle le fait toujours.
            Elle l’embrassa délicatement et Aron oublia tout ce qui le tracassait, les battements de son cœur se firent entendre derrière ses tempes. C’était comme s’il retombait amoureux, il sentit ses jambes faiblir et la caresse de ces mains amies lui fit ressentir un doux frisson. Chaque fois que les lèvres de sa femme effleuraient les siennes, chaque fois que son parfum lui parvenait aux narines, c’était comme s’il la redécouvrait et un sourire sincère revint éclairer son visage.
            Il fallut moins d’un quart d’heure à Aron pour être prêt pour le repas, il s’apprêtait à sortir pour se diriger vers la grande salle, quand sa reine l’interpella :
             « Aron, je te rejoindrai en bas, je n’en ai plus que pour quelques minutes.
            - Prends ton temps, j’ai dit à Azaat et Will que je les attendais dans encore une demi-heure.
            - D’accord, à tout de suite, je te laisse le soin de tout gérer, comme toi seul sais le faire. Tous deux affichèrent un doux sourire. Je t’aime, lui dit-elle alors qu’il avait tourné le dos et s’apprêtait à partir.
Il lui répondit très sincèrement la même chose, ferma la porte et partit en direction de la grande salle. Mais au fond de lui, les dernières paroles qu’ils avaient échangées firent renaître l’anxiété qui l’avait saisi quelques minutes plus tôt. Cette fois-ci il en était sûr, quelque chose allait très bientôt se passer, mais de quoi devait-il se méfier ?

mercredi 27 avril 2011

Prologue et chapitre premier

Les murailles de glace




Le froid se faisait de plus en plus intense. L’hiver avait surpris et avait en quelques jours recouvert toutes les terres, habituellement encore fertiles à cette époque, d’un épais manteau de neige. Les anciens, assis dans la chaleur de la taverne du port, n’y comprenant rien, avançaient des théories. Ces évènements avaient-ils un rapport avec l’arrivée tardive des pluies ? Pourtant, même les plus sages ne pouvaient reconnaître dans ces troubles climatiques ce que l’on avait appelé, des années plus tôt, l’ère de méditation divine. Plusieurs décennies, plusieurs siècles plus exactement, avaient chassé des mémoires l’année où les dieux avaient laissé les hommes de côté pour régler les problèmes divins, cette année où Nadjra, le mauvais dieu, avait failli réussir à descendre sur terre, là où ses fantasmes de bain de sang et de domination allaient pouvoir s’accomplir. Pagyva, le dieu des dieux, avait par bonheur réussi à le vaincre de justesse. Malheureusement, bien des années plus tard, même les plus haut placés ne pouvaient connaître la vérité. En effet, l’obscurantisme maintenu alors par les rois et l’Eglise avait empêché les tablettes dans lesquelles l’histoire avait été dévoilée peu à peu par les dieux d’être révélées au grand public. Et maintenant que la monarchie dans les royaumes de Kalor n’était plus aussi stricte qu’autrefois, les tablettes n’existaient plus. C’est pour toutes ces raisons que personne ne se rendit compte que cet hiver soudain allait avoir des conséquences dramatiques…
















Chapitre premier

Du haut de ses appartements, le roi de Kalor avait un œil sur toute sa cité principale, et la vue de tous ses bateaux coincés au port le rendait anxieux. Si aucun de ses vassaux ne pouvait prendre la mer, la ville ne tiendrait que peu de temps sur ses réserves. Il se devait, en tant que bon souverain, de ne pas laisser une famine accabler son peuple. Il n’aimait pas ce genre de problème, donnez-lui une épée et il gagnerait la guerre, mais trouver une solution pour faire fondre instantanément la glace qui leur bouchait l’accès à leur source principale de nourriture, cela, il ignorait comment s’y prendre. Il n’était pas scientifique après tout, et même ces derniers butaient sur le souci que le pays rencontrait. L’hiver était tombé tellement rapidement ! Gelant sur place toutes les jeunes pousses prometteuses cultivées d’un côté du château, et glaçant les flots de l’autre.
Il était plongé dans ses réflexions quand quelqu’un frappa à la porte. Après un «Entrez » sonore de sa part, un homme de grande taille et à la carrure impressionnante entra dans la pièce. 
-    « Monseigneur, vos trois plus grands conseillers viennent de se présenter aux portes du palais, dois-je les faire entrer ?
-          Oui bien sûr, merci Darang.
-         Puis-je tuer ces vieux grincheux avec l’énumération de vos nombreux titres, votre Altesse ? La question était posée avec un grand sourire.
-         A une seule condition, très cher, que vous soyez un peu plus familier avec moi, plaisanta le roi
-          Comme sa Majesté le voudra ! »
Cet homme était le gardien royal, l’homme qui devait protéger le souverain au péril de sa vie. Depuis sa plus tendre enfance il avait été assigné à cette tâche et ne quittait son roi et ami sous aucun prétexte. Il tourna les talons, sortit dans le couloir et annonça aux trois hommes qui l’attendaient dans le hall. 
-         «  Aron Mildva, haut Seigneur des royaumes de Kalor, Gardien des terres de Pagyva, Directeur de la Sainte Eglise, Détenteur du Glaive des dieux et Protecteur de la cité divine est prêt à vous accueillir dans son bureau. Je vous en prie, si vous voulez bien me suivre ».
            Et c’est avec un sourire jusqu’aux oreilles qu’il entra à nouveau dans la pièce, suivi des trois conseillers qui avaient tous l’air plus ennuyeux les uns que les autres.
            - « Messieurs, permettez-moi de me retirer le temps de votre réunion. J’espère que vous trouverez les solutions aux maux qui hantent notre pays actuellement.
            - Merci Darang. Vous pouvez vous retirer plus loin que derrière cette porte, prenez un peu de temps pour vous, je suis en sécurité ici ! » répondit Aron d’un ton solennel pour ne pas laisser paraître leur profonde amitié. A ces mots ils jetèrent tous deux un œil vers un coin de la salle exceptionnellement sombre. Le message était passé instantanément entre les deux hommes. Tous deux avaient remarqué cette anomalie et en connaissaient la raison. Ce fut donc sereinement que Darang put répondre à son roi :
            « Très bien, Monseigneur, et il tourna les talons.
            - Bien, messieurs, nous pouvons commencer ».
            Après un des après-midi les plus soporifiques que l’on puisse imaginer, les trois hommes se retirèrent, laissant leur souverain seul dans la pièce. Enfin, seul, c’est du moins ce qu’ils croyaient, car le roi, tout comme son protecteur, avait remarqué cette ombre dans un coin. Tout aurait paru normal à n’importe quelle tierce personne, mais le roi était coutumier des techniques de camouflage. Cette espèce de fin nuage noir dont les volutes discrètes restaient presque invisibles, était en effet un écran cachant quelqu’un, et il était certain de l’identité de la personne en question. Il se retourna donc dans sa direction et s’adressa à ce qui semblait être un endroit désert :
            - « Je suis vraiment heureux de te revoir, que me vaut l’honneur de cette visite ?
            - Et tu me trouves comblé de joie de revenir dans ce beau pays ! Je suis là pour la fête que tu donnes chaque année, je fais partie des sept, moi aussi, ne l’oublie pas !
            - Excuse-moi; avec tous les problèmes que rencontre le royaume actuellement cela m’est totalement sorti de la tête.
            - Oui en effet, j’ai cru comprendre que tu subissais aussi les caprices du temps, comme tout le monde d’ailleurs. Je ne fais pas exception sur ce point, mes terres sont malheureusement touchées par la neige, elles aussi, soupira l’ombre.
            - J’espère que tout cela passera vite… En attendant je tiens à te montrer que, malgré les circonstances, l’hospitalité de cette demeure n’a pas changé. Sors de là pour l’instant, s’il te plaît, je n’aime pas parler dans le vide ! »
            Aron perçut un léger mouvement et un homme mince revêtu d’une grande cape noire sortit de l’obscurité. Il s’inclina et s’installa sans rien demander dans un des deux grands fauteuils devant la cheminée. Son hôte le suivit et prit place à ses côtés.
            « Cela fait vraiment du bien de te revoir, Aron, et quel plaisir de se reposer un peu aussi. Il me faut avouer que tes conseillers et leurs discours m’ont bien endormi, mais je crains que cela ne suffise pas.
            - Je ne te le fais pas dire ! Ils ne s’arrêtent jamais de parler et pourtant n’arrangent rien. C’étaient les conseillers de mon père. Il est grand temps que je m’occupe de les remplacer par des personnes plus dynamiques. En attendant que je règle cela, tu pourrais faire un tour en ville, l’air marin doit te manquer, je te rejoindrai dès que possible.
            - Ainsi je pourrai rendre visite à cette chère Mégliara. Après tout, cela fait plus d’un an que je ne l’ai pas vue, et je pense que nous aurons des choses à nous dire.
            - Ma chère cousine n’est pas à Blos Kalor ces temps-ci.
            - C’est bien dommage, les dernières nouvelles datent d’il y a tout juste un an. Elle doit encore parcourir le monde, je plains ceux qui se dresseront sur son …  »
Il fut interrompu par quelques coups sourds à la porte. Le roi autorisa l’entrée, et Darang apparut. Il esquissa un sourire en voyant ses deux amis d’enfance en train de discuter. Williams se tourna vers lui et le salua : 
            « C’est donc toi qui es en charge de la sécurité ici, le fait que cet endroit soit un vrai gruyère ne m’étonne donc plus, lui dit-il avec un clin d’œil.
            - Quand les gardes m’ont dit avoir vu un jeune homme qui tentait de façon ridicule de se dissimuler, j’ai tout de suite pensé à vous, et je leur ai intimé l’ordre de vous laisser jouer. Mais maintenant que vous me le dites je ferais peut-être bien de vous surveiller, vous seriez capable de voler le Glaive des dieux.
            - Perspicace, je l’avoue. Voilà des années que je convoite cette lame que personne n’a le droit d’utiliser mais que j’aurais l’honneur de mettre sous vitrine pour faire l’important, comme le fait mon ami Aron.
            Le nouvel arrivant et le protecteur royal éclatèrent de rire en se prenant dans les bras. Tous deux se connaissaient très bien, et il en était de même pour encore trois autres souverains. Des années plus tôt, alors qu’ils n’étaient que des enfants, ils avaient passé une décennie ensemble, ce qui avait tissé entre eux des liens très forts.
            - En parlant de cette arme, je ne la vois plus, tu as décidé de l’enlever de ton bureau, elle ne te sert plus de motivation ?
            En guise de réponse, le roi se leva à son tour et rangea en pile des centaines de papiers qui encombraient une table. Une fois cette paperasse déposée ailleurs, les trois hommes purent admirer la magnifique épée, posée sur un coussin rouge vif et protégée par une vitrine. Cette arme était légendaire. Donnée aux humains par les divinités, elle ne devait jamais être utilisée par quelqu’un d’autre que le fils de Pagyva, le dieu des dieux. C’était autour d’elle que les sept souverains venaient se réunir chaque année. « Tu t’en sers de plateau à présent ? Très ingénieux ! Jamais je n’aurais cru que quelqu’un lui trouverait une utilité, le taquina Williams.
            - Pas très glorieux, j’espère que les dieux ne m’en voudront pas.
            - Ne t’en fais pas, s’ils t’en voulaient tu serais déjà grillé vif, ou bien envoyé sur la lune, mais pas vautré sur ton trône à te tourner les pouces. Ils se sourirent.
            - En parlant de lune, je m’en voudrais de déranger ces seigneurs dans une si passionnante conversation, intervint Darang, mais je suis venu pour vous annoncer que des centaines de bateaux arrivent vers nous. Ils brisent la glace sans problème et leurs bannières sont violettes et ornées d’une lune, l’Empereur Dalimos arrive.
            - Des centaines de navires ? s’étonna Aron, que ne ferait-il pas pour se faire remarquer, celui-là ! Il plaisantait, l’homme qui était sur le point de débarquer était lui aussi un ami d’enfance, et plutôt réputé pour sa discrétion. Grâce à lui la pêche va pouvoir reprendre, il nous rend un fier service, tout s’arrange finalement. Très bien ! Darang, fais-nous préparer des chevaux et une escorte, nous descendons sur le port.
            - Tout est déjà prêt, ils vous attendent devant la porte.
            - Impressionnant d’efficacité, le flatta amicalement le roi d’Atorna.
            - Oui, il m’arrive de m’étonner, mais que ne ferions-nous pas pour que sa majesté Péréosane soit la bienvenue à Blos Kalor ?
Après un petit sourire, il sortit de la pièce, et les deux seigneurs le suivirent. Ils parcoururent rapidement les quelques corridors qui les séparaient de la sortie et passèrent sous l’immense porte. Comme prévu, une dizaine d’hommes les attendaient, ainsi que trois chevaux. Aron se retourna vers son protecteur.
            « Darang, avant de nous rejoindre, veuillez faire dire aux cuisines de préparer un repas en l’honneur d’Azaat Dalimos et de Williams Péréosane. Et pendant que vous y êtes, réveillez un peu les soldats et faites-les s’entraîner, il n’est pas normal que l’on rentre ainsi au château ! Et je veux qu’ils soient parés à toute éventualité pendant les fêtes qui se préparent. A tout à l’heure. Cette fois-ci, devant les autres gardes, leur relation d’amitié ne transparaissait aucunement.
            - Tout de suite, Majesté, il tourna les talons et rentra dans la demeure.
            Ils se mirent en selle et partirent lentement en direction du quai. De ce côté du château, les maisons étaient très serrées, et la population assez dense, du fait de la proximité de la mer. Toutes ces familles avaient plus au moins un rapport avec la pêche. Ils avançaient dans les petites rues pleines d’étalages et de vendeurs. Ceux-ci s’écartaient pour les laisser passer, et s’inclinaient jusqu’au sol devant leur roi. On aurait pu croire que ce geste était un signe de crainte, mais ce n’était autre qu’un profond respect. Les deux cavaliers ne mirent que quelques minutes à rejoindre la mer, les bateaux étaient encore à bonne distance et progressaient lentement. Le quai se remplit petit à petit de monde, tous étaient venus assister à l’arrivée des étrangers, et poussés par la curiosité que leur inspirait la venue du roi. Les Kalossiens avaient toujours été très accueillants avec les gens d’ailleurs et certains préparaient déjà des présents à offrir en guise de bienvenue. Darang fut vite de retour, il se fraya tant bien que mal un chemin parmi la foule et les rejoignit. Il annonça à son roi que tout était réglé, et se mit lui aussi à regarder l’horizon, ce que la majorité des personnes présentes faisait déjà. Le spectacle était des plus impressionnants, la flotte était imposante, et la facilité avec laquelle elle écartait la glace lui donnait des airs surpuissants, insubmersibles.
            Au bout de quelques minutes le bateau de tête fut tout proche, et jeta l’ancre. Il s’était avancé seul et s’était amarré juste contre la roche. D’aussi près, il paraissait encore plus majestueux. Un homme se dressa sur le pont, il était vêtu d’une tenue blanche sur le torse, dont la couleur évoluait peu à peu pour finir en rouge au niveau des pieds. Il paraissait jeune et son visage était tout ce qu’il y avait de plus serein. Il s’inclina en voyant les deux rois qui l’attendaient, ces derniers firent de même, suivis de peu par la foule. Les fixant il prit la parole :
            « Heureux de vous revoir, peuple de Kalor, et particulièrement vous, mes amis, dit-il en désignant des mains les deux souverains. Voilà encore un magnifique accueil que vous nous offrez, il est toujours agréable de venir ici.
            - J’espère que vous ne reviendrez pas sur votre opinion à ce sujet, et je m’engage à faire le nécessaire pour que cela n’arrive pas, lui répondit Aron.
            - Très bien, j’ai hâte de vous rejoindre. Où puis-je faire accoster mes vaisseaux ? Car j’ai un grand nombre de matelots et surtout de marchandises à débarquer. De plus en plus de marins apparaissaient sur le pont des navires restés en retrait. Une femme magnifique sortit alors à son tour de l’immense navire royal et s’approcha, derrière Azaat. Son teint était mat et ses cheveux très noirs. Elle avait de sublimes yeux bleus qui la rendaient irrésistible. Williams se pencha discrètement vers Aron et lui murmura à l’oreille :
             « Et bien voilà ! Je savais bien qu’il nous en ramènerait une bientôt ! Et quelle beauté ! Si ta cousine n’occupait pas mon cœur, je serais jaloux. Son interlocuteur sourit et reprit à haute voix.
            Il me semble que vous trouverez toute la place qu’il vous faut un peu plus au nord du port, j’envoie immédiatement des hommes pour vous aider à décharger vos bateaux. En attendant que cela se fasse, je pense que vous et… ?
            - Athalia Dalimos, ma sœur, cette dernière rougit immédiatement.
            - Que vous et la princesse Dalimos pourriez nous rejoindre, le roi Péréosane et moi, dans la grande salle ? La jeune femme s’inclina respectueusement, essayant tant bien que mal de cacher son visage empourpré.
            - Avec plaisir, répondit Azaat. Il donna ses ordres, ceux-ci furent répétés en écho et, petit à petit, les navires derrière lui virèrent de bord.

Présentation


Les Murailles de Glace


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Tome Premier 

Les Fiancés de Pagyva







Les royaumes de Pagyva
         Nom donné aux terres les plus au nord du continent, où les dieux avaient élu domicile durant leur vie terrestre. Ce territoire est découpé en sept royaumes, un pour chaque dieu. Depuis leur départ, il est habité par autant de peuples, toujours en paix les uns avec les autres. Chacune de ces régions possède sa propre capitale et son propre gouvernement.
Le royaume de Kalor
         Tenant son nom du premier de ses rois, ce territoire reste, des sept, le plus important. Sa capitale n’est autre que Blos Kalor, la ville sainte. Ces terres sont celles de Pagyva, le dieu des dieux, représenté par une main soulevant le soleil.
            Aron Mildva
         A la tête de son gouvernement, ce jeune homme, récemment marié, est très apprécié de son peuple. Il est le personnage le plus important de toutes les terres de Pagyva et possède plusieurs titres, dont le plus important est celui de protecteur de la ville sainte. Il est détenteur d’une épée magique, appelée Glaive des dieux. Il est très proche de plusieurs autres rois avec lesquels il a passé son enfance à la cité des pouvoirs, lors de la Guerre des Anges.
            Flora Mildva
         Epouse d’Aron, elle est devenue une reine active et tout aussi aimée que son mari par le peuple du royaume (Les Kallossiens). Elle est la fille des souverains d’Osité, pays voisin et allié. Elle n’a pas passé son enfance en compagnie d’Aron et des autres.
Mégliara Mildva
Cousine du roi, elle est fiancée avec l’un des sept seigneurs, Williams Péréosane. Elle ne passe que peu de temps à la ville sainte, et d’ailleurs ne reste presque jamais au même endroit plus de quelques jours. Son caractère est plutôt fort et aventureux. 
Darang  Rominte
Protecteur royal, il n’a jamais quitté son roi, et a pour devoir de le protéger quoi qu’il arrive.

Le royaume d’Osité
         Frontière des royaumes de Pagyva, ce territoire est assez humide et marécageux par endroit. Même si l’environnement est des plus sauvages, son peuple est tout l’inverse, droit et honnête. Les Osons sont réputés pour être très civilisés. Ces terres sont celles du dieu Gunjo, dieu de la sérénité, dont le temple est l’un des plus difficiles à trouver. La monarchie en ces lieux, bien que basée sur d’anciennes méthodes, reste souple et attentive.


            Hériale De Malior
Il est le plus ancien des souverains, et le seul à avoir pris part au combat de la Guerre des Anges. Malgré son âge, il est toujours respecté et très écouté de son peuple. Il est le père de Flora, et donc le beau-père du roi de Blos Kalor.
Anna De Malior
Epouse d’Hériale, cette petite femme est pleine de ressources et de force. C’est elle qui a gouverné son peuple pendant les dix ans qu’a duré la Guerre des Anges, tout en élevant sa fille. Elle n’en reste pas moins une femme et une épouse remarquables. 

Le royaume de Kelm
            Vaste territoire empli de collines, le royaume de Kelm est un endroit très refermé sur lui-même. L’église et la royauté y jouent un rôle plus important, plus écrasant qu’ailleurs. Son peuple vivant dans l’obscurantisme n’a que peu de contacts avec l’extérieur. Le dieu Anostra, divinité du renouveau, vivait ici jadis.

            Armand le lion des limbes
         N’ayant pas plus de crinière ni de courage qu’un chaton, ce roi prétentieux règne sur ses terres avec mépris et par la terreur. Régnant comme son père et tous ses prédécesseurs, il refuse le progrès et garde ses sujets dans l’ignorance et la misère. Il est très peu apprécié des autres souverains ainsi que de leurs peuples.

Le royaume des Léiades
         Il s’agit sûrement de la région la plus à l’image de sa divinité, la déesse Eliyons. Construite d’après des préceptes basés sur l’amour, la cité n’est que grâce et beauté. Ses habitants aux visages plutôt pâles, sont généralement fins, raffinés et très sociables.
            Youding première
         Elle est la reine des Léiades. Petite, belle et discrète, elle n’a pas vraiment le charisme d’un souverain. Elle compense son manque de fermeté par une relation fusionnelle avec son peuple, s’assurant ainsi soutien et respect. Tout comme Darang et Aron Mildva, elle a passé son enfance à la cité des pouvoirs, en compagnie des autres souverains.


Le royaume plat d’Atorna 
         Comme son nom l’indique, ce territoire n’est qu’une vaste plaine. Seules les quelques montagnes cachant le temple du dieu de la guerre, Igoris, tout au nord, cassent un peu la monotonie du paysage.
            Williams Péréosane
         Après une enfance des plus dures, il a du mal à rester en place pour gouverner, et délègue beaucoup ses pouvoirs. Bien que il l’apprécie beaucoup, son peuple l’a surnommé « le souverain fantôme » à cause de ses nombreuses absences. Depuis son plus jeune âge, il a été entraîné aux arts martiaux et aux techniques d’assassinat. Il a lui aussi vécu une partie de sa vie à la cité des pouvoirs et connaît donc très bien les autres rois, qui sont devenus depuis cette époque de très bons amis.

Le désert rouge
         Jadis de toute beauté, ce territoire n’est à présent plus que sable et poussière. Le Dieu du chaos, Nadjra, vivait sur ces terres il y a bien longtemps. Mais cet enfant démoniaque les a embrasées lorsque Pagyva et les autres dieux l’ont chassé de leur monde. A présent, ce royaume est hostile, non pas à cause de ses habitants, très hospitaliers, mais de par son mortel environnement.
            Meisha
         La plus énigmatique des souverains des sept royaumes, constamment voilée. Son visage caché porte les marques d’une jeunesse et d’une famille déchirées. Quelques tragiques événements passés lui ont donné une grande force, et elle dirige le pays sans même l’avis de son mari.

L’empire d’Orglade
         Composé de deux îles, ce territoire est très fertile. C’est ici qu’est située la cité des pouvoirs où les souverains se sont rencontrés. Ce pays est celui d’Orimal, le seul dieu neutre, celui des non-humains.
            Azaat Dalimos
         Empereur à vingt-cinq ans à peine, cet homme dirige son pays de façon souple et innovante. Pariant sur la science et les nouvelles techniques, il fait évoluer son peuple à une vitesse assez impressionnante. Il a lui aussi passé son enfance à la cité des pouvoirs, et est très proche des autres souverains.


            Athalia Dalimos
         Jeune princesse d’Orglade, elle est la sœur d’Azaat. Sans doute la plus magnifique des femmes importantes des sept royaumes, elle n’est encore qu’une enfant et ne sait que peu de choses de la vie. Elle a tout juste une vingtaine d’années et est née au beau milieu de la Guerre des Anges. Elle ne connait encore aucun des rois.

La cérémonie du Glaive
            Rendez-vous traditionnel et annuel des sept souverains. Lors de cette journée, la fête est de rigueur et les rois et reines de lignée directe doivent ensemble toucher une arme sainte, appelée le Glaive des dieux. C’est juste avant l’une de ces cérémonies que commence le récit.

La Guerre des Anges
         Guerre ayant commencé vingt-cinq ans avant le début du récit, opposant tous les royaumes de Pagyva aux envahisseurs barbares venus des terres d’en dessous, terres sur lesquelles Nadjra avait trouvé refuge après son bannissement. Cette bataille a duré une dizaine d’années et emporté beaucoup de combattants de Pagyva, mais ces derniers furent finalement vainqueurs, et plus aucune guerre n’a éclaté depuis.









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